Compagnie-

Présentation -
Laissez-moi vous présenter les Royales Marionnettes...
Par Didier Balsaux, le directeur artistique de la compagnie.
La compagnie est née en 1941, sur les hauteurs de Liège, en Belgique. José Maquet, son fondateur, alors âgé de 14 ans, installe son théâtre de marionnettes liégeoises dans un garage. En 1944, vu l’ampleur des dégâts causés par les bombardements alliés, puis les frappes des V1 et V2, une partie de la population se réfugie dans les abris. C’est là que José décide de se déplacer pour y jouer ses spectacles au chapeau. C’est ainsi que la compagnie devient ambulante et acquiert son savoir-faire en théâtre de rue.
José n’a jamais fréquenté d’école de théâtre. Il joue avec des marionnettes liégeoises, une forme née au milieu du 19e siècle dans les quartiers populaires de la ville. À l’image de Guignol ou Polichinelle, Tchantchès, le héros populaire du théâtre de marionnettes liégeoises, est un ouvrier mineur qui défend les faibles et les opprimés. Mais le théâtre de marionnettes liégeoises, comme ses cousins, est considéré comme « amateur », « vulgaire », « primitif » et « traditionnel ». On pourrait ajouter « populaire » et tout serait dit sur le mépris qui nous a poussé mon épouse et moi à reprendre la compagnie en 1991.
À l’époque, José reçoit du roi Baudouin le titre de « Royal », accordé aux associations ayant 50 années d’existence.
J’ai 23 ans et depuis mes 9 ans, je joue bénévolement au musée Tchantchès, un autre théâtre de marionnettes liégeoises. Mon père, ouvrier dans la sidérurgie, se noie dans la crise de l’acier. Il s’enfonce lentement dans la pauvreté, et plus il s’enfonce, plus on le méprise. Moi, je canalise ma colère en écrivant des spectacles et en étudiant pour devenir éducateur spécialisé.
En 1991, José me propose de reprendre sa compagnie. L’opportunité de faire du théâtre de marionnettes traditionnelles en rue m’apparaît être une démarche politique cohérente. Claire, mon épouse décide heureusement de m’accompagner dans cette aventure.
Nous allons nous accrocher pour devenir professionnels, mais nous comprenons vite qu’il va d’abord falloir laver l’infamie d’un art qui n’est considéré que comme une relique « populaire » d’amateurs incultes, et combattre les préjugés qui pèsent plus généralement sur la marionnette et le théâtre de rue.
Nous allons affûter nos arguments : étymologiquement, la culture permet de rendre les esprits fertiles et le divertissement permet de faire diversion. On peut néanmoins utiliser la diversion comme une technique pour faire de la culture, comme l’a démontré le maître Chaplin. L’art populaire existe. Il véhicule des cultures, des langages, des traditions dans tous les domaines de la vie quotidienne et surtout, il permet au public de s’y identifier. C’est un outil puissant pour faire de la culture. Et mépriser cet outil en le réduisant à un simple divertissement pour « ignares », c’est faire insulte au peuple et à ses spécificités culturelles.
Bien sûr, pour recevoir notre tampon « bon à consommer », il n’a pas suffi d’arguments sur les politiques culturelles. Il a fallu, et c’était essentiel, que le patrimoine culturel, s’il se voulait vivant, s’inscrive dans son époque. Merci donc au langage populaire moderne, merci aux metteurs en scène, aux partenaires artistiques qui nous accompagnent et nous aident à bousculer les traditions, merci à nos politiciens de continuer à nous donner des raisons de faire vivre la contestation au travers de héros populaires. Et merci à mon père ouvrier qui m’a transmis le gout du travail manuel… Je sculpte mes marionnettes dans le tilleul en m’inspirant à la fois des méthodes traditionnelles, des codes graphiques modernes et d’autres formes européennes de marionnettes à tringles. Je fabrique mes décors en m’inspirant des styles artistiques et scénographiques contemporains. Et puis il a fallu que Claire donne un cadre administratif solide à mon cheminement sinueux.
Depuis 2000, Les Royales Marionnettes sont implantées dans un entrepôt situé dans un petit village du Brabant Wallon en Belgique. L’équipe de 5 permanents y travaille à la production des spectacles et à la gestion de la compagnie. C’est là que se trouvent l’atelier de menuiserie, de sculpture et de ferronnerie, mais également le bureau, le stock de matériel et les 300 marionnettes accumulées avec le temps.
C’est également là que se trouve notre chapiteau où nous nous produisons et accueillons occasionnellement des spectacles.
La marionnette liégeoise m’a sauvé. J’ai eu la chance de grandir dans un théâtre de marionnettes sans fioritures. J’ai vu Tchantchès garder sa casquette sur la tête en tutoyant l’empereur, tandis que mon malheureux père baissait les yeux, la casquette sur les genoux, devant ceux qui se croyaient autorisés à le sermonner. J’ai reçu cette éducation populaire où un « oufti valet », une Jupiler, la poésie du fleuve, les contes et légendes de Wallonie, les chanteurs de rue, les cûtes peures, les bouquêtes, les boulets au sirop, les gardiennes de potales et la fête du 15 août ont fait partie de mon intégration dans la société des gens de ma condition. Tchantchès m’a sauvé, il m’a pris dans ses bras, il a été mon premier jouet. Grâce à mes petites marionnettes, je refaisais le monde, je vengeais mon père. Puis, avec Claire, nous avons plongé à corps perdu dans le métier de marionnettiste. Je me suis épanoui. J’ai porté ma voix pour les causes que je défends, nous avons construit notre maison, élevé nos enfants et parcouru les routes avec nos spectacles.
J’ai joué avec Tchantchès devant trois cents enfants surexcités dans un bidonville de Madagascar. J’ai serré dans mes bras une mère en pleurs, après un spectacle où elle a entendu la voix de son fils autiste pour la première fois. J’ai reçu les remerciements d’une grand-mère qui assistait pour la première fois à un spectacle de marionnettes. J’ai vu des publics de migrants, de bourgeois, de banlieusards, de croyants, de vieux, d’enfants, de clochards, de paysans, communier devant Tchantchès. J’ai vu les yeux d’enfants palestiniens s’illuminer devant leur Tchantchès arabe, qu’une compagnie que nous soutenons a intégré dans ses spectacles sous le nom de Zareef. Tchantchès ne m’a pas emprisonné dans l’île d’Outre-Meuse, il m’a ouvert au monde.
Pour ceux qui aiment les références, je vous en mets un peu plus ? Les récompenses au festival jeune public de Huy, la liste des festivals, les critiques de presse ? Franchement, je préférerais que vous découvriez notre travail et que vous en jugiez par vous-même.
L'équipe -
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Didier Balsaux
Directeur Artistique (Ogre tendance Cannibale)
didier@lesroyalesmarionnettes.be
C'est le chef de la compagnie et le comédien des spectacles. Il a mauvais caractère et jure comme un charretier, mais il sculpte les marionnettes et écrit les spectacles. En plus, c'est le chef, alors on doit le garder...
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Claire Willot
Directrice Administrative (Omnivore penchant mouffette)
claire@lesroyalesmarionnettes.be
Plus que dans l’ombre, elle EST l’ombre de la compagnie.
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Adrien Balsaux
Responsable Atelier (Omnivore frugal penchant pâte à tartiner)
Il est le couteau suisse XXXL de la compagnie et pour un marteau amoureux d’un clou, il préfère la délicatesse à la brutalité.
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Marion Balsaux
Chargée de projets (Omnivore modérée tendance frugivore)
diffusion@lesroyalesmarionnettes.be
Elle fait tout, comme une pieuvre multitâche : un téléphone dans chaque main pour vous contacter, et les autres tentacules pour la com', la compta, l’archivage... et même un petit solo de bignou !